En France, l'éthique ne compte pas devant le juridique

Nombreux nous attendions cette entrevue avec la préfecture du Bas-Rhin. Le sous-préfet et un vétérinaire nous ont écoutés pendant 2 heures, les dialogues furent quelquefois vifs. Durant ces 2 heures on a tout sorti, non fiabilité de l'expérimentation animale, non conformité évidente des installations de Fort Foch, risque de pollution due aux déjections des animaux, opacité de la société commercialle Silabe, et bien sûr l'éthique etc. Ahhh l'éthique... L'un des mots que je préfère, quand vous le prononcez à un haut-fonctionnaire ou à un élu, on a l'impression qu'ils n'en connaissent pas son sens, forcément ils ne la pratiquent pas. Et c'est malheureusement le cas, d'où la décrépitude de notre société. Le sous-préfet a maintenu à plusieurs reprises que le dossier de demande d'extension était conforme à la loi, et que suite à l'avis favorable d'une commission départementale et environnementale qui gère les animaux sauvages, le préfet a autorisé l'extension en rédigeant un arrêté qui serait impossible de contrecarrer désormais. "La barbarie est légale dans notre pays, corrida, chasse, gavage d'oies et vivisection etc" ai-je affirmé, ils n'ont pas apprécié (!). Ainsi dans cette affaire, les arguments éthiques envers les animaux et scientifiques envers la santé humaine ne comptent absolument pas face à la juridiction si inique et désuette soit-elle. Les mentalités évoluent plus rapidement que nos politiques et nos législateurs.

Ils m'ont vu éprouvé, parlant avec le coeur qu'ils n'ont pas, mais il n'y a rien à faire devant ces technocrates froids. Luc, président d'Animalsace et Eric Schultz adjoint au maire de Strasbourg (que je remercie de m'avoir accompagné avec Pamela et Jérémy) ont redoublé aussi d'arguments concrets invalidant l'extension, mais nos interlocuteurs sont restés de marbre se retranchant toujours derrière la conformité du centre et l'arrêté du préfet. Nous avons requis une nouvelle commission de contrôle indépendante pour inspecter les installations, le personnel de Fort Foch, les manipulations avec les singes, en espérant qu'elle soit inopinée. Le sous-préfet va transmettre, car nous ne faisons pas confiance en leur contrôle qui, visiblement, ne fait jamais état de la moindre irrégularité...

Donc un résultat d'entretien identique à celui de Pro Anima il y a une semaine, que j'imaginais évidemment. A plusieurs reprises, le sous-préfet m'a demandé d'arrêter ma grève. "Non non, je continue !". Notre action les embarrasse indubitablement et sa médiatisation ne fait que commencer, un journaliste de 20 Minutes m'a interviewé ce matin.

La primaterie ne doit pas doubler son nombre d'animaux pour les labos !

J'ai connu un gros coup de mou car ma nuit fut agitée, tant de choses en tête, mais je tiens grâce à votre soutien fantastique, comme tous les autres grévistes qui ressentent bien aussi votre aide.

Morgane (depuis la Bretagne) nous a rejoints dans notre jeûne depuis hier midi, merci à elle.

Jérémy, Pamela, votre serviteur, Luc, Eric devant la préfecture

Comments

[Aurore]

Et en donnant des exemples concrets de moyens qui seraient moins chères ? Là ça parlerait de leurs sous et ça les ferait peut-être bouger.. Peut-être se renseigner auprès de personnes qualifiées dans ce domaine afin qu'elles aillent trouver le préfet avec des arguments financiers et une proposition de projet concrète ?

[geraldine]

"mais il n'y a rien à faire devant ces technocrates froids". Vous leur demandez de changer un monde dans lequel ils sont parfaitement adaptés puisqu'ils ont des postes de responsabilité. Ce sont probablement des ambitieux qui ont déjà sacrifié tout ce qui pouvait faire obstacle à leur carrière. Ce ne sont plus que des arbres secs cramponnés à leurs certitudes . Ils ne nous entendent pas, on n'est pas leur partenaire , on ne parle pas leur langage.